Depuis quelques années, les conséquences sanitaires de la pollution de l’air sont de plus en plus précisément chiffrées. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), elle causerait la mort prématurée de 2 millions de personnes par an. Le programme européen Aphekomx souligne, lui, que le fait de vivre près d’une route empruntée par plus de 10000 véhicules par jour serait à l’origine de 15 à 30 % des nouveaux cas d’asthme chez les enfants.
Concrètement, les polluants, qui proviennent en majorité de fumées d’usines, d’incinérateurs de déchets ménagers et industriels et de la circulation automobile, sont essentiellement des gaz et particules acides (dioxyde de soufre, aérosols, etc.) ou des oxydants (ozone, dioxyde d’azote). Or, les acides sont des espèces chimiques promptes à réagir avec d’autres en abandonnant un atome d’hydrogène, de même que les oxydants échangent facilement des électrons avec d’autres molécules.
Dès lors, les tissus gonflent et les bronches se contractent. La respiration commence à se faire difficile, la bronchite guette… “Chez les individus sains, la pollution engendre une hyperactivité bronchique, décrit Roger Marthan, directeur du Centre de recherche cardio-thoracique de l’Inserm à Bordeaux. Les études montrent qu’elle aggrave des pathologies comme l’asthme. Mais on ne sait pas encore clairement si elle est directement responsable de la maladie. “
Après le système pulmonaire, les polluants s’attaquent en outre au système cardiovasculaire, où leur effet peut être dévastateur. “Là encore, nous ne savons toujours pas si les polluants passent dans le sang au niveau des alvéoles pulmonaires ou si c’est l’inflammation bronchique qui s’étend au système vasculaire “, admet Roger Marthan. Toujours est-il que les vaisseaux sanguins qui récupèrent l’oxygène au niveau des alvéoles subissent, eux aussi, une inflammation en présence de polluants. Or, leur réaction en cas d’agression consiste à produire des molécules qui favorisent la coagulation. Dès lors, le risque de former des caillots sanguins augmente et, avec lui, celui d’anomalies de la circulation : infarctus du myocarde, accidents vasculaires cérébraux, angine de poitrine… Ce sont ces troubles qui sont responsables de la grande majorité des 2 millions de morts annuels recensés par l’OMS.
La pollution intérieur
Se calfeutrer chez soi pour éviter l’intoxication par l’air extérieur? Le remède pourrait être pire que le mal. Car l’air intérieur contient lui aussi des substances nocives. Or, nous passons plus de 80 % de notre temps dans des espaces clos… L’Observatoire de la qualité de l’air intérieur*, lancé en 2001 par les pouvoirs publics, recense diverses substances nocives : les allergènes, substances biologiques portées par les animaux domes¬tiques ou les acariens et provoquant des allergies; les neurotoxiques (comme le toluène des colles, des peintures ou des vernis) qui perturbent le système nerveux; les cancérigènes, comme l’acétaldéhyde (dans les bois bruts et les panneaux de particules), abîment l’ADN et conduisent à des cancers. Conclusion : aérez ! * http://www.air-interieur.org